FUNNY SUNNY DAY

Le soleil est bien clément aujourd’hui. Le ciel s’est habillé de son grand manteau bleu clair, sans nuages. Un vent ma foi favorable et rafraichissant parcours cette vaste étendue d’eau sur laquelle nous naviguons à l’heure actuelle. Le calme règne à cette heure. Oyaji dort encore et les autres sont affairés à leurs tâches ou s’occupent comme ils peuvent. Marco doit être en train de lire sur son lit. Je pourrais aller l’emmerder tiens… oh non. J’ai pas envie de me fatiguer à lui échapper. Je lui laisse un moment de répit. Je peux bien faire ça. Non ?

Appuyé contre la rambarde, je me surprends à trouver le temps long. Rien ne se passe depuis quelques temps. Un soupir franchit mes lèvres tandis que je me redresse, ajustant mon chapeau sur mon crâne pour me protéger du soleil. Rien d’autre à perte de vue que l’océan. L’écume de mer à sa surface ne fait qu’onduler sans jamais s’arrêter. Mes journées sont d’un ennui sans pareil. Cela fait un moment que personne n’ose chercher des ennuis à Oyaji. Redouté, crains, c’est compréhensible, certes. Mais c’est justement parce qu’il est pressenti comme étant le prochain Seigneur des Pirates que la tentation est forte de l’abattre. La personne capable de tuer Shirohige serait donc considérée comme supérieure. Donc prompte à atteindre ce titre tant convoité. J’ai pensé à la même chose avant de regagner l’équipage. Mais… il faut admettre qu’Oyaji a su s’entourer de puissants alliés.

Marco, dit le Phénix, est le Commandant de la première flotte de Shirohige. Bénéficiant des pouvoirs d’un fruit du démon, il est capable de se transformer en phénix et de prendre son envol. C’est toujours un régal de voir ses flammes bleues crépiter de manière calme. Nonchalant et pas très causant, on pourrait penser qu’il est pas très commode. Faut juste apprendre à le connaître. Il est d’ailleurs mon meilleur ami. C’est pour vous dire à quel point c’est quelqu’un d’assez formidable.

Il y a aussi Satch, le Commandant de la quatrième flotte, avec qui je m’entends très bien. Blagueur et plutôt séducteur, il lui arrive de courir après les infirmières de notre père. Mais je n’en sais pas plus. Pour tout vous dire, je ne fais pas attention à ça. Satch et moi, on aime pêcher ensemble. C’est amusant. Et puis, je sais que c’est quelqu’un sur qui l’on peut compter. Il est souvent là pour me guider de manière… comment dirais-je ? Morale ?

Mais pour l’instant, ni l’un ni l’autre n’est présent pour me proposer une activité. Alors je m’ennuie. Et ça m’énerve. Luffy me manque beaucoup je dois dire, mais c’est pas le moment de me lamenter. Sa tête est mise à prix à présent ! Je dois avouer que ça m’a un peu surpris de voir ça. Mais pas dans le mauvais sens du terme. Je suis assez fier de lui. Il en a fait du chemin. Lui qui, par le passé, était un véritable pleurnichard. Il reste toutefois mon petit frère et je tiens énormément à lui. J’ai hâte de le revoir !

Je m’éloigne donc de la rambarde, me dirigeant sur le pont inférieur en quête d’une quelconque occupation à faire. Et c’est alors que mes yeux se portent sur sa silhouette. Fine, élégante, féminine. Une longue chevelure d’or et une peau de pêche. Un sourire provocateur et des iris saphirs. Anarchy D. Reika. Une pirate qui a du caractère, cela va s’en dire. Elle est assez étrange je dois dire. Enfin, c’est bizarre à expliquer. Disons que j’ai l’impression qu’elle est pas la même avec moi. Je ne saurais pas l’expliquer en réalité. Mais j’apprécie beaucoup Reika. Elle rougit, je comprends pas pourquoi mais c’est mignon. Alors je m’approche d’elle, à pas de loups. Ce sera elle ma victime aujourd’hui. Je la rejoins rapidement et sans bruit puis, attendant le moment propice, je surgis devant elle, un large sourire aux lèvres.

- Yosh Reika !

Je n’attends pas de réponse que, déjà, ma main s’égare machinalement dans ses cheveux de blé plutôt doux au toucher. J’aime sa frange rebelle qui part à la n’importe quoi sur le côté, c’est amusant. J’aime aussi notre différence de taille que j’aime souligner en lui tapotant gentiment la tête. Ah, et le meilleur c’est…

- Comment va ma princesse préférée ?

Le surnom que je lui donne. Magnifique. Sublime. Elle aime pas et je le sais. Mais moi ça m’amuse tellement que je continue encore et encore à l’appeler de la sorte. Il faut avouer qu’elle est plutôt mignonne. Ce serait amusant de lui acheter une robe de noble tiens… affaire à suivre. Ça pourrait être divertissant dans un futur proche.

- Tu viens passer du temps avec moi ? Je m’ennuie. En fait non. T’as pas le choix. Viens.

Et je lui attrape le poignet, l’entrainant avec moi à l’arrière du navire, là où la brise est la plus fraîche. Là aussi où la tranquillité règne. Je m’assois, l’entrainant dans mon action dans le but de l’installer à mes côtés. Un sourire aux lèvres, je l’observe avec minutie. Attendant avec impatience le moment où son expression se transformera.

- Ça fait un moment qu’on s’est pas vus, n’est-ce pas ? Je t’ai pas manqué hein ? T’es une grande fille maintenant, dis-je, ébouriffant une nouvelle fois ses cheveux.

Elle va me tuer.

FUNNY SUNNY DAY

Sa réaction était naturellement prévisible, comme je m’en doutais. Ses joues se sont teintées de rouge, elle a gonflé les joues, elle a gueulé. Bref. Elle a pas changé d’un chouïa. Et c’est ce que j’apprécie chez elle. Elle ne change pas, elle conserve toujours son caractère farouche. Je l’adore. Et encore une fois, elle a râlé lorsque je l’ai appelé de ce sobriquet qu’elle déteste tant. Moi je l’aime bien ce surnom. Il est amusant. Oh et puis, c’est tellement mignon de la voir faire cette expression.

Une fois au calme, je ne peux pas m’empêcher de l’observer. C’est assez particulier entre nous je dois dire. Même si je l’ai forcée à m’accompagner, elle ne semble pas si… réticente à l’idée de passer un moment avec moi. Je suis pas sûr de pouvoir l’expliquer. Peut-être qu’elle m’apprécie. Peut-être qu’elle n’ose pas me contredire. J’en sais foutrement rien. Mais… quelque part, dans son expression boudeuse, j’ai l’impression de déceler comme une sorte de… joie. Elle est contente lorsqu’elle est avec moi ? Je ne sais pas. Seule elle pourrait l’affirmer. Je ne peux malheureusement pas prétendre la connaître comme ma poche.

- Rah ! Mais arrête de me prendre pour une gamine à la fin ! ... P-pourquoi quelqu'un me manquerait, je peux très bien me débrouiller seule, j'ai besoin de personne !

Je penche la tête sur le côté, surpris, avant de me laisser tomber en arrière, laissant mes mains me servir d’appui. Un rire s’échappe de ma gorge tandis que mes iris se dirigent vers le ciel. Elle, elle ne me regardait déjà plus.

- Ce n’est pas parce que quelqu’un te manque que ça veut dire que tu es incapable de te débrouiller seule.

Je marque une pause durant laquelle mes paupières se ferment lentement, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Je pense à Luffy. Il me manque beaucoup. Cela va faire un peu plus de 3 ans que l’on ne s’est pas vus. Il doit avoir pris la mer à l’heure qu’il est. J’espère que tout se passera bien pour lui. C’est tout ce dont je lui souhaite. J’ouvre les yeux et pivote mon visage vers celui de Reika.

- Tu resteras indomptée et indomptable, hein ?

Je me redresse un peu de manière à pouvoir de nouveau caresser ses longs cheveux d’or. Ils sont magnifiques. Tellement beaux que j’ai réellement du mal à résister à l’envie de les toucher. Ma main quitte sa longue chevelure pour revenir sur son visage. Mon index se pose sur son nez.

- Si tu n’as réellement besoin de personne, pourquoi faire parti du plus grand équipage de pirates de tous les temps ? Je récupère mon doigt sans la quitter des yeux. Tu penses n’avoir besoin de personnes. Mais sans l’appui de tes camarades, que serais-tu devenue ? Dire que tu n’as besoin de personne revient à dire que tu n’as pas confiance en tes amis.

J’ose déjà imaginer sa réaction. Elle va s’énerver, me dire qu’elle est prête à tout pour ses amis, que je me trompe parce qu’elle les aime, qu’elle donnerait sa vie pour eux, tout ce genre de baratin entendu de maintes fois. Autant par elle que par d’autres.

- J’en viens donc à conclure que je ne compte pas pour toi, puisque je ne t’ai manqué d’aucune manière que ce soit.

C’est triste à dire mais c’est ce qui se rapproche le plus de la vérité, pas vrai ? C’est dommage. A moi, elle m’a manqué. C’est un peu moins distrayant lorsqu’elle n’est pas là. De plus, elle est l’une des rares femmes à avoir intégré l’équipage de Shirohige. C’est peut-être aussi pour ça que j’ai tendance à vouloir veiller sur elle, à l’embêter. Je suis pas vraiment à ma place en me comportant ainsi… mais c’est plus fort que moi. Je secoue la tête et la regarde, un sourire aux lèvres.

- Si je t’offre une robe, tu la mettras ?

Elle va me balancer à la mer.